CAMILLE LÉVÊQUE
ABOUT / A PROPOS
CV


    WORKS / TRAVAUX

  1. TSAVT TANEM

  2. SUMMIT MEETING

  3. WE ARE OUR MOUNTAINS

  4. UNIVERSAL TRUTH

  5. FAMILIAR GESTURES

     

    IN SEARCH OF THE FATHER

  1. CHAPTER I_DADS

  2. CHAPTER II_THE FATHER FIGURE

  3. CHAPTER III_DADDY ISSUES

  4. CHAPTER IV_THE LAST LEVEQUE

  5. BOOK DUMMY ︎


Visual artist working on identity, memory and family mythology
© 2024 Camille Lévêque. All rights reserved.


LIVE WILD

3.

WE ARE OUR MOUNTAINS       _2014/2021


[Version Française en bas de page]

Like every third generation Armenian, granddaughter of a political refugee, I grew up in an environment where memory was elevated to the status of a sacred cult.
Family stories were passed down like prayers, archives became icons to be venerated, and cultural heritage occupied an almost liturgical place in daily life. At the heart of this sanctuary of memory stood, majestically and inexorably, Mount Ararat.

Mount Ararat holds a unique place in the Armenian imagination, deeply rooted in spirituality and collective memory marked by uprooting. According to biblical tradition, it was on the summit of this mountain that Noah’s Ark came to rest after the flood, symbolically making Armenia a land of renewal for all of humanity. But for Armenians, Ararat is much more than a religious symbol: it is a metonym for national identity, a geographic entity embodying resilience and cultural belonging.

This mountain, though visible from Yerevan, is physically out of reach. In 1921, following the Treaty of Kars between Turkey and the USSR, Armenia lost vast territories, including Ararat. From that moment on, the mountain became a symbolic boundary between contemporary Armenia and its historical past, but also between Armenian territory and its diaspora, mostly scattered westward. This geographical reality clashes with the collective imagination shaped in exile, where the mountain has become an abstract, idealized pillar of heritage.

Ararat thus became an ambivalent symbol: on one hand, it represents past greatness and hope; on the other, it embodies loss, exile, and the pain of an inaccessible homeland.

My project explores this tension between collective memory and identity reconstruction through a multimedia approach, combining personal archives, images found in Yerevan markets, video work, and photographs taken over the past five years. This project is both a personal quest and a collective reflection on Ararat as a metaphor for exile and Armenian resilience. By retracing the stories of a community shaped by loss and migration, I aim to transcend the melancholic immobility often associated with diasporic memory.

Begun in 2015, for the centenary of the Armenian Genocide, this project is situated in a symbolic temporality. It carries the dual ambition of commemorating past tragedies while inspiring a dynamic of transformation and cultural reclamation. In this context, Ararat becomes a mirror of human potential: it is both the memory of an unreachable homeland and an invitation to build a living, unfrozen legacy in dialogue with history.

Through this project, Ararat is not simply a peak or a landscape but a figurehead in the journey between memory and identity. By confronting the geographical and internal boundaries it represents, I aim to transform the mountain into a space of reflection and reinvention, where Armenians—wherever they are—can reconcile their past with their present.


This project exists in the form of a book published in 2015 to mark the centenary of the commemoration of the Armenian Genocide.
It was printed in a limited edition of 300 numbered copies and presented in a deluxe black embossed cardboard box, accompanied by an original, unique-edition photograph (Polaroid), a sachet containing soil collected from the Ararat Valley near the Khor Virap monastery, postcards, and a poster.
It is accompanied by soundtracks recorded in January 2015 in Armenia and Georgia.
The book was created in collaboration with author Anna Lounguine.























Comme beaucoup d’arméniens de la troisième génération, petite-fille d’une réfugiée politique, j’ai grandi dans un environnement où la mémoire était élevée au rang d’un culte sacré. Les récits familiaux se transmettaient comme des prières, les archives devenaient des icônes à vénérer, et le patrimoine culturel prenait une place quasi liturgique dans le quotidien. Au cœur de ce sanctuaire mémoriel trônait, majestueusement et inexorablement, le mont Ararat.

Le mont Ararat occupe une place unique dans l’imaginaire arménien, à la fois ancrée dans une spiritualité profonde et dans une mémoire collective marquée par le déracinement. Selon la tradition biblique, c’est au sommet de cette montagne que l’arche de Noé aurait touché terre après le déluge, faisant symboliquement de l’Arménie une terre de renouveau pour l’humanité tout entière. Mais pour les arméniens, l’Ararat est bien plus qu’un symbole religieux : il est une métonymie de l’identité nationale, une entité géographique qui incarne la résilience et l’appartenance culturelle.

Cette montagne, pourtant visible depuis Erevan, est physiquement hors d’atteinte. En 1921, à la suite du traité de Kars entre la Turquie et l’URSS, l’Arménie perdit de vastes territoires, dont l’Ararat. Dès lors, la montagne devint une frontière symbolique entre l’Arménie contemporaine et son passé historique, mais également entre le territoire arménien et sa diaspora, majoritairement dispersée à l’ouest. Cette réalité géographique heurte l’imaginaire collectif façonné dans l’exil, où la montagne est devenue un pilier abstrait, idéalisé, du patrimoine.

L’Ararat est alors devenu un symbole ambivalent : d’un côté, il représente la grandeur passée et l’espoir, mais de l’autre, il incarne la perte, l’exil et la douleur d’un territoire inaccessible.

Mon projet explore cette tension entre mémoire collective et reconstruction identitaire à travers une approche multimédia, combinant archives personnelles, images trouvées sur les marchés d’Erevan, travail vidéo et photographies prises au cours des cinq dernières années. Ce projet est à la fois une quête personnelle et une réflexion collective sur l’Ararat en tant que métaphore de l’exil et de la résilience arménienne. En retraçant les récits d’une communauté façonnée par la perte et la migration, je cherche à dépasser l’immobilité mélancolique souvent associée à la mémoire diasporique.

Commencé en 2015, pour le centenaire du génocide arménien, ce projet s’inscrit dans une temporalité symbolique. Il porte en lui la double ambition de commémorer les tragédies du passé tout en insufflant une dynamique de transformation et de réappropriation culturelle. L’Ararat, dans ce contexte, devient un miroir du potentiel humain : il est à la fois le souvenir d’une terre inaccessible et une invitation à construire un héritage vivant, non figé, en dialogue avec l’histoire.

À travers ce projet, l’Ararat n’est pas simplement un sommet ou un paysage, mais une figure de proue dans le voyage entre mémoire et identité. En confrontant les frontières géographiques et les frontières intérieures qu’il incarne, je cherche à transformer la montagne en un espace de réflexion et de réinvention, où les Arméniens – où qu’ils se trouvent – peuvent réconcilier leur passé avec leur présent.


Ce projet existe sous la forme d’un livre publié en 2015 à l’occasion de l’anniversaire du centennaire de la commémoration du Génocide Arménien.Il est imprimé en un tirage limité de 300 exemplaires numérotés et proposé dans un coffret deluxe en carton noir gaufré, accompagné d’une photographie originale et à tirage unique (polaroid), d’un sachet contenant de la terre prélevée dans la vallée d’Ararat près du monastère de Khor-Virap, de cartes postales et d’un poster.
Il est accompagné de pistes sonores, enregistrées en Janvier 2015 en Arménie et en Géorgie.
Ouvrage réalisé en collaboration avec l’auteure Anna Lounguine.

Mark